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Cahier des charges pour la construction d'une chaudière neuve |
Le présent document s'applique à donner au constructeur les éléments nécessaires et suffisants à la réalisation d'une chaudière neuve en vue d'équiper le remorqueur à vapeur " Le Jacques". Inspiré du "Mémoire sur les chaudières inexplosibles" de Monsieur Paul Oriolle, ingénieur, constructeur ancien élève de l'École Centrale, ce cahier des charges est rédigé avec le souci de respecter au maximum les données historiques recueillies et connues du groupe de pilotage dont l'objectif à ce sujet est de "retrouver les caractéristiques précises (le plan) de la chaudière Oriolle qui fournissait la vapeur nécessaire à la machine".
Le principe du générateur Oriolle construit à plus de xx exemplaires et qui a équipé des installations à terre, en mer et en rivières semble, à en croire les témoignages d'utilisateurs, avoir donné entière satisfaction.
A partir des différents
éléments que nous avons consultés au cours de notre recherche en vue de la
re-motorisation du Jacques, il nous semble possible d'extrapoler une chaudière
de type "Oriolle" dont les caractéristiques techniques et historiques
pourraient être cohérents avec la chaudière d'origine, bien que les plans de
celle-ci ne furent jamais retrouvés.
En revanche nous connaissons avec certitude les données consignées au cours
des "Essais au point fixe et en route à St Denis en avril 1906"
document d'Eugène Avril, dont les principales
caractéristiques sont :
Chaudière type Oriolle avec réservoir.
Timbre | 10 kg/cm2 |
Surface de chauffe | 77 m2 |
Surface de grille | 1,4 m2 |
Rapport de la surface de chauffe à la surface de grille | 55 |
Volume d'eau | 1,150 m3 |
Volume de vapeur | 0,850 m3 |
Poids d'eau par m3 de grille | 800 kg |
Alimentation par pompe de 0,191 litres par coup de plongeur et par injecteur de 50 litres à la minute | |
La prise de vapeur se fait sur le réservoir de la chaudière par un tuyau de 70 mm de diamètre intérieur |
Calcul de la surface de chauffe Outil de calcul
La chaudière se compose d'un
corps à peu près cubique formé principalement d'un faisceau de tubes
longitudinaux, disposés en quinconce, contenant l'eau ou la vapeur à l'intérieur et mettant en
communication deux lames d'eau parallèles formant façade, dont l'épaisseur
est de 120 mm. Les tôle opposées de ces lames d'eau ayant 12 à 13 mm
d'épaisseur, sont parfaitement reliées entre elles par des entretoises
en fer de 25 mm de diamètres, taraudées dans les tôles puis soudées.
L'écartement de ces entretoises est de 120 mm d'axe en axe sur l'ensemble des
plaques tubulaire avant et arrière. Les tubes au nombre de 287 (dont 5
serviront au ramonage à vapeur), ont une longueur de 1,44 m et diamètre
extérieur de 70 pour les gros des xx rangées du bas et de un diamètre de 55
mm pour les petits des xx rangées du haut.
Ces tubes sont mandrinés sur les plaques tubulaires, formant joint sans
rivetage, ni matage.
Les deux lames d'eau, antérieure et postérieure, sont ainsi reliées entre elles
par les extrémités des tubes. Rien n'interdit d'adjoindre des tirants à
l'intérieur de certains tubes afin de renforcer l'assemblage des plaques
tubulaires si les calculs le justifiait.
Les tubes laissent entre eux des intervalles de 50 mm qui servent au passage des
gaz du foyer et qu'on utilise pour le raclage oblique de l'extérieur des tubes
: les tangentes horizontales aux rangs des tubes voisins laissent entre elles un
petit écartement qui permet aussi le raclage horizontal de l'extérieur des
tubes (côté foyer).
Les rangées de tubes inférieures contiennent de l'eau, celles situées au
dessus du niveau contiennent la vapeur qui est, plus on s'élève, séchée et
surchauffée. La prise de vapeur se faisant en haut de la lame d'eau antérieure.
Les tubes sont tous parallèles entre eux et présentent un angle de 8° qui a
pour but de donner une direction à la circulation d'eau et de vapeur qui
s'établit.
Au dessous des tubes se trouve
le foyer, dont l'entourage est formé simplement par de la maçonnerie en brique
réfractaires maintenues par de la tôle. Les faces
latérales de la chaudière sont formées de cloisons en tôle de 5 mm
d'épaisseur, disposées en portes à charnières permettant l'examen et le
nettoyage des tubes par le raclage et par jet de vapeur. Pour obtenir un
nettoyage complet à la vapeur, on condamne 5 tubes convenablement espacés
(voir plan) et on les remplace par des tubes dont l'extrémité forme entretoise
creuse à travers la lame d'eau antérieure. Ces ouvertures fermées par une
vanne et un bouchon permettent de prélever de la vapeur et/ou de l'eau chaude
selon leur position verticale pour leur nettoyage extérieur des tubes (côté
foyer).
Les faces extérieures des lames d'eau, antérieure et postérieure, présente vis
à vis de chaque tube, une ouverture circulaire fermée par un bouchon intérieur
autoclave et maintenu par une tige avec un écrou s'engageant dans une traverse
en fer plat. Le joint est fait d'une rondelle en klingérite. Ces ouvertures
sont assez grandes pour permettre de poser ou déposer un tube, de les visiter
intérieurement, de les tamponner (quand ils viennent à crever) et de les
mandriner.
Des bandes de tôles horizontales dite chicanes éloignent la flamme des plaques
à tubes et des portes de côté, et l'empêche de se rendre trop directement à
la cheminée. Elles font office de registre. des portes pratiquées à la partie
supérieure de la chaudière laissent accéder aux tubes de vapeur.
Le tuyau d'alimentation en eau -préalablement réchauffée- de la chaudière
débouche vers le milieu de la partie supérieure de la lame d'eau antérieure
et cette eau a ainsi le temps de se réchauffer avant de pénétrer dans les
tubes.
L'extraction se fait par un robinet placé à la partie inférieure de la lame
d'eau postérieure au point le plus bas.
Les gaz chauds du foyer, en s'élevant verticalement, atteignent d'abord les
tubes à eau de gros diamètres de la première rangée, passent entre leurs
intervalles, vis à vis desquels se présentent les tubes de la deuxième
rangées. Après avoir ainsi circulé entre tous les tubes à eau, puis les
tubes à vapeur, les gaz s'échappent par la cheminée. Par l'effet
d'inclinaison des tubes -8°- et de la différence de densité, le mélange de l'eau
et de la vapeur qui se forme en plus grande quantité dans les tubes des
rangées inférieures, s'élève dans la lame d'eau postérieure, et la vapeur
se dégage à la partie supérieure de celle-ci et va sécher et réchauffer les rangées supérieures avant d'arriver à la prise de vapeur située
dans la lame d'eau la plus basse.
L'eau séparée de la majeure partie de la vapeur qu'elle contenait,
revient vers la lame d'eau antérieure, c'est à dire la plus basse, par
les rangées de tubes à eau supérieurs et redescend dans cette lame d'eau pour
entrer de nouveau dans les tubes. Une circulation rapide de l'eau se trouve
ainsi obtenue, grâce à laquelle les tubes inférieurs sont constamment rafraîchis
par de l'eau bien dense et de trouvent ainsi dans d'excellentes conditions pour
un épuisement rapide de la chaleur contenus dans les gaz.