L'Association

Le CFC à Herzeele (Nord)

Marc André Dubout

Au cœur de la Flandre dans une ancienne zone d'agriculture bocagère, dite « Houtland » (pays du bois), Herzeele à le statut de réserve naturelle régionale du vallon de la Petite Becque.
Situé dans les bassins Artois-Picardie, le village est drainé par plusieurs rivières : l'Yser, la Haende Becque, la Petite Becque, la Becque de braems, la Schaep Becque, le Petit Moulin, le Pont des Planches et un autre petit cours d'eau mais lorsque nous y sommes allés le village était inondé de soleil et l'eau, d'après les habitants, semblait manquer.
Avant 1789, Herzeele dépendait de la châtellenie de Bergues, mais déjà avant la fin du premier millénaire Herzeele entre dans l'histoire de France par des alliances que nous ne détaillerons pas.
Pour nous, amateurs de chemin de fer, en 1895, à l'époque des petits trains dans les campagnes, une voie ferrée relie Hondschotte à Hazebrouck, via Rexpoëde, Bambecque, Herzeele, Winnezeele, Steenvoorde, Terdeghem, Saint-Sylvestre-Cappel, Hondeghem, Weke-Meulen. Le trajet dure 1h35, trois trains circulent par jour dans les deux sens. De Rexpoëde, une autre ligne mène à Bergues.
Nous y reviendrons.

Et le CFC dans tout ça ?
C'est début octobre 2024 que Nicolas Gervois, membre du conseil municipal d'Herzeele, nous a rencontrés à Arques à l'occasion du Festivallée organisé par le Chemin de Fer Touristique de la Vallée de l'Aa (CFTVA). Sa proposition de faire venir le train à la fête du village a été retenue par l'équipe municipale qui nous a invités à partager ce moment festif. Nous profitons de ces quelques lignes pour remercier Nicolas et la Municipalité pour tout le travail accompli pour cette belle réalisation.

Donc, le vendredi 30 mai le camion de l'entreprise Dick arrive aux Chanteraines sur le grill du dépôt pour charger le matériel.

Le vendredi matin, le matériel est sorti et positionné sur la voie 1 dans l'ordre de chargement sur le camion Dick.

(Photo Philippe Duruy)
Le chauffeur prépare son matériel, stabilisateurs, écarteurs, chaînes, sangles, etc. il ne reste plus qu'à procéder au levage.

(Photo Philippe Duruy)
On commence par la Vincent. Positionnement des sangles sous le châssis. Grâce aux écarteurs rien ne touche la structure de la machine. Puis c'est au tour des voitures, V-15 et V-11.


Il ne reste plus qu'à placer la V-11 à l'arrière de la remorque.

(Photo Philippe Duruy)
L'essieu arrière de cette dernière est vraiment près du bord arrière du camion. Il a fallu marier les attelages pour que tout tienne sur la remorque.


Deux heures plus tard, le camion quitte le dépôt. Direction Herzeele, dans le Nord.


Nous rangeons le matériel, fermons le site et prenons la route. Quelques minutes plus tard, nous rattrapons le camion sur l'autoroute A1.


Arrivée à Herzeele. Cette affiche est notre premier contact à l'entrée du village.
 " Le train ressiflera au son des orgues ". Oui bien sûr on reparlera des Orgues d'Herzeele connus internationalement.


Nous sommes accueillis par Nicolas "rue du Petit train". La voie est déjà posée le long du trottoir. Elle vient du CFTVA voisin.


Le camion arrive peu après nous. Nous commençons à décharger le matériel. cette opération est plus rapide que le chargement qui impose de marier les attelages pour gagne de la place. En effet les essieux de la V-11 sont très au bord de la remorque.


Une fois le train installé sur les rails, Nicolas, nous montre le gîte où nous passerons les nuits pendant la durée du séjour. Une remorque pleine de bois est à proximité de l'endroit où stationne le train, ce qui nous facilite largement le chargement des bûches dans le foyer. Pour l'eau, un camion avec une tonne à eau munie d'une pompe remplit les soutes de la locomotive.


Nous passons le reste de la journée à faire quelques courses pour le petit déjeuner et puis nous nous dirigeons vers Bergues une cité fortifiée où il fait bon vivre. Détruite, en partie, pendant la guerre, la reconstruction intelligente lui a permis de garder son caractère de petite ville flamande avec ses remparts.
C'est dans cette charmante ville qu'à été tourné le film " Bienvenue chez les Ch'tis " avec l'acteur et réalisateur Dany Boon.
Sur la photo le Beffroi de Bergues et son carillon que nous avons entendu sonner à notre arrivée. Symbole des libertés communales, il s'élève à 47 mètres et il est ouvert à la visite.
C'est le troisième beffroi, il date de 1961. Son classement au Patrimoine mondial de l'UNESCO date de juillet 2005.


La taverne ou estaminet flamand " Le Bruegel ". la maison date de 1597.
À notre retour, le " Café des Orgues " était ouvert et nous avons pu voir ses trois merveilles.
Le " Café des Orgues " est un bâtiment de construction traditionnelle de la Flandre, en briques richement décorées. Il abrite un trésor unique au monde : trois orgues de barbarie mécaniques construits par Théophile Mortier. Ce sont des orgues à danser construits au début du XXème siècle.


Le plus ancien date de 1912. Il a un style un peu classique, " Belle Époque ". On voit par exemple des anges, des gitanes ou des bourgeoises. Et le travail du bois est magnifiquement décoré.


Et pour faire résonner ces instruments, pas besoin de musiciens puisqu'il s'agit d'un instrument mécanique. Il suffit de disposer des cartons perforés derrière les tuyaux de l'instrument.


Celui-ci date de 1926. Il est actuellement en grande réparation. Le son de ces orgues a fait tournoyer plusieurs générations de danseurs. Lorsque qu'en 1960, le café a été réouvert, ce fut une très grande émotion pour certains qui l'ont connu et y ont dansé jadis.

Video 1 Video 2
Le plus récent est de 1939. C'est plutôt l'époque de l'effondrement des anciens empires et l'acquisition du statut des premières puissances économiques mondiales.
Au centre l'accordéon joue et meut son soufflet et plus encore, ses touches blanches (bécarre) et noires (altération).

Il ne reste qu'une douzaine de ces mécaniques incroyables en France et une vingtaine dans le monde (enfin surtout en Belgique). Ils représentent à eux seuls toute un époque.
Chacun d'eux est une pièce unique et c’est pour protéger ce trésor que la Commune s’est engagée à racheter l’établissement. Classés, ces orgues ne peuvent quitter Herzeele et c'est bien ainsi.

 
Mais le Café des Orgues, c'est aussi l'ambiance flamande des estaminets avec le bar, les jeux et les décorations finement imagées.


Jean-Claude et Pierre en pleine action devant la table de jeux d'adresse.


C'est aussi le café de la gare. La gare est a seulement une encâblure, d'ailleurs notre petite ligne ne joint-elle pas le "café" et la "gare" ? De quoi rendre heureux les habitants.

Samedi 31 mai

(Photo Nicolas Gervois)
Pas de circulation prévue avant 13 heures. Nous allumons vers 10h30. Une partie du bois est du peuplier, assez léger et qui brûle bien. Nous sommes au timbre pour le premier départ, départ d'essai et de reconnaissance de la ligne de 170 mètres dont nous dérouillerons sérieusement les rails pendant le week-end. Ça grince dur, mais ça passe sans difficultés. C'est la quatrième fois que le CFC roule sur cette voie portative de 12 Kg au mètre.

Mais il est temps de circuler sur la petite voie video

(Photo Nicolas Gervois)
La V-15 avec Manu et le fils de Nicolas. Manu est membre du CFTVA et nous l'avions rencontré plusieurs fois sur le site. Aujourd'hui, il est venu en visiteur mais il nous a donné un sérieux coup de main à la surveillance de la voie et à la conduite aussi.

Philippe nous a rejoint en moto.
Nous enchaînons les tours, un peu faiblement au début puis le train accueille 25 à 26 personnes à chaque rotation.
Des membres du Comité des fêtes de la Commune gèrent les entrées de visiteurs. Jean-Claude accueille les voyageurs, Pierre et Philippe sont initiés à la conduite de la Vincent. Nous nous arrêterons un peu avant 20 heures et allons dîner dans un restaurant de la ville.


En face de la gare, il y a la rue de la gare et cette curieuse maison, dite " La Chevaline" est un ancien relai de chevaux. Des anneaux sont encore présents sur les murs.
La situation de cette maison est parfaite, entre la rue du Petit Train (en face) et la rue de la Gare (à gauche).


La gare ou plutôt, l'ancienne gare est en face, de l'autre côté de la rue. Les propriétaires ont supprimé la porte de la petite vitesse. Vue côté rue.


Un panneau retrace l'histoire de la ligne de Hazebrouck à Hondschoole.
La fin du XIXème Siècle a vu l'essor des chemins de fer. En effet, en pleine période de crise économique mondiale, l'État français lance un ambitieux programme de grands travaux. Le ministre des travaux publics Charles de Freycinet est là origine de ce plan (Freycinet) dont l'objectif est de favoriser le développement économique du pays et de désenclaver les régions les plus reculées, par la construction de chemins de fer, mais aussi de canaux et de ports.
Le Nord devient ainsi le département avec le réseau ferroviaire le plus dense et la Flandre ne déroge pas à la règle : en 1891, le projet du " petit train des Flandres " prend forme. Il souhaite donner à de nombreuses communes de Flandre une gare.
La ligne Herzele—Saint-Momelin vit le jour en 1912. réalisée en deux temps (une première partie fut inaugurée en 1910 entre Herzeele et Esquelbecq), elle permettait de transporter marchandises et voyageurs sur tout le canton de Wormhout, et même au-delà. En l'occurrence, la station a permis d'évacuer les productions de la briqueterie toute proche vers d'autres communes géographiquement proches .
Cette ligne ne fut jamais véritablement rentable économiquement, et elle n'a fonctionné à plein régime qu'une vingtaine d'années, pour une fermeture définitive en 1953. Mais la ligne a marqué les esprits et le quotidien de gens, à tel point qu'un certain nombre de haltes ont été plus ou moins bien conservées, comme celle d'Herzeele qui a su garder son authenticité.
Pour en savoir plus sur la ligne et les gares voir La ligne Hazebrouck à Hondschoote

(Photo Jean Drieux)
Arrivée au terminus, 170 mètres plus loin.

(Photo Jean Drieux)
L'équipe de conduite, Pierre, MAD et Philippe.

(Photo C. Mechin)
Ah ! j'oubliais. Tyson nous a aussi aidés à la conduite. Il tire la langue, ça montait un peu.

(Photo Jean Drieux)
La gare d'Herzeele et les Orgues ont servi de badge pour les membres du comité des fêtes. Le lion représente la force et la bravoure
Herzeele signifie " La maison du chef ".

Le petit train qui passait à Herzeele.

(Dessin "Les petits Trains de jadis tome 4 Nord de la France" - Domengie, Banaudo - 1995 - Édition du Cabri)
Le train a sifflé à Herzeele dès 1895 mais le projet d'une voie ferrée d'intérêt local (VFIL) remonte à 1883, lorsque les départements du Nord et du Pas-de-Calais ont voulu créer une ligne à voie étroite de Lille à Dunkerque, avec divers embranchements entre autres vers Bergues et Hondschoole. L'État et la Compagnie du Nord s'y opposèrent et une étude moins ambitieuse proposa une ligne de Hazebrouck à Hondschoole avec embranchement vers Bergues.
La concession fut attribuée à M. Alfred Lambert en 1890 et la déclaration d'utilité publique fut publiée l'année suivante Pour assurer l'exploitation, la Compagnie des Chemins de fer des Flandres fut fondée avec le concours de la Compagnie d'Anvin à Calais.
En 1884, la ligne Hazebrouck—Hondschoole et l'embranchement Rexpoëde—Bergues furent ouverts. Difficilement accessible, à cause des fortification, le centre de Bergues (par la porte de Cassel) ne fut atteint seulement qu'en juillet 1897.
En 1914, le réseau participa au ravitaillement de la poche de résistance de l'Yser, puis mis sous la tutelle militaire, il collabora avec les compagnies des Flandres et les Économiques de la 10ème section des chemins de fer de Campagne. Les trois réseaux étaient ainsi en relation étroite.
En 1915, du matériel du réseau fut réquisitionné par les Économiques des Charentes. La même année une courte section entre Herzeele et Houtkerque fut ouverte, mettant ainsi le réseau avec la ligne vicinale belge Fumes—Poperinghe.
Le réseau des Flandres a su moderniser son matériel avec la mise en service d'autorails dès 1936 et de locotracteurs remplaçant les locomotives à vapeur en 1951, malheureusement cela ne suffit pas et en 1954, le Département décida la fermeture de l'ensemble : Rexpoêde—Bergues en janvier et Hazebrouck—Hondschoote en décembre .
La ligne avait une longueur de 34 kilomètres et Hazebrouck pour terminus. Elle s'orientait vers le Nord, la première gare était Herzeele où s'embranchait la courte ligne vers Esquelbercq des Chemins de fezr économiques puis elle traversait l'Yser et atteignait Rexpoëde où de détachait l'antenne vers Bergues. Hondschoole était la gare terminus du trajet mais la ligne continuait vers Bray-Dunes en bord de mer.

Pour en savoir plus

(Photo Jean Drieux)
À la fin de la journée, avec Jean-Claude. Pierre et Philippe sont partis boire un coup (de la bière).


Le soir un concert est donnée au Café des Orgues.  C'est l'orchestre de Rythme & Blues de Matthieu Bore le " French Crooner ", compositeur, chanteur et pianiste.

(Photo Nicolas Gervois)
Le dimanche la journée a été plus rude, nous avons chauffé de 10 heures à 20 heures avec juste une courte interruption pour le déjeuner du midi pris toujours au Café des Orgues.


Dans les rues, la fête continue sans interruption entre les buvettes, les concerts de rock et les voitures anciennes.


Sans oublier le limonaire décoré, sur remorque routière, une autre merveille venue rendre visite aux orgues de la Ville.
Il date de 1914 et a été acquis par le facteur d'orgue en charge de ceux d'Herzeele. Il a été restauré il y a une quinzaine d'année.


Vers 13 heures, nous allons déjeuner au Café des Orgues, nous y retrouvons Didier (notre Président) et Jeannine.
Regardez sur la Video comme il dance bien avec sa belle casquette de chef de gare

Ce jour il a fait moins chaud. Ambroise, Manu (du CFTVA) et Nicolas ont pris le manche et plusieurs visiteurs ont partagé la cabine pour leur plus grand plaisir.
L'après-midi s'est déroulé avec le même rythme.


En fin de journée, Monsieur le Maire (à gauche sur la photo), accompagné de son équipe a posé pour la postérité. Nous en profitons pour le remercier de ce moment fort sympathique que tout le monde a partagé.

Le lundi matin tout est devenu désert.


Les rails étaient démontés et évacués sur une charrette agricole en attendant de retourner vers le CFTVA.


La petite Decauville restait seule avec ses voitures sur trois coupons en attendant le chargement.


Malheureusement elle reçut un mauvais coup sur le tête et le haut de sa cabine a été faussé.

Le soir tout le matériel de retour au CFC était rangé au dépôt.

Le bilan du week-end se résume dans le tableau suivant :

31 mai 1er juin

Total

 
364 688 1052   voyageurs
19 29 48   Aller-retour
6,46 9,86 16,32   Km
7 9 16   heures
Sources :
  • Notre week-end du 31 mai - 1er juin à Herzeelle.

 

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