La 141 R 840 de l'AAATV

MAD

Samedi 7 juillet 2007, il ne fait pas très beau, je vais aller voir la 141 R 840 de l'AAATV garée au dépôt des Aubrais (Orléans). Coup de chance, je la trouve tout de suite, à peine sortie du dépôt, attelée au Moyse 10 TD 100, seul le tender est encore dans l'atelier. La machine est impressionnante, une impression de puissance s'en dégage immédiatement, comparée à nos machines en voie de 60.

La 141 R 840 majestueuse, puissante au dépôt des Aubrais.
Locotracteur Moyse 10 TD 100, son serviteur.
Locotracteur industriel utilisé depuis 1961 sur l'embranchement des carburants TOTAL à St Ouen.
Offert à l'AAATV  Centre-Val de Loire par la société TOTAL, il a été transféré à l'annexe traction de Cosnes par la route ...

La 840 est une R au fuel livrée en 1946 dans le cadre du plan Marshall. Dans toutes les régions des 141 R furent livrées. La 840 était dans le Sud-Est, puis elle est montée à Vierzon au début des années 70 et enfin récupérée par des jeunes qui l'ont ramenée à Cosnes-sur-Loire vers 1985. Ensuite ils ont commencé les travaux, bien que c'était une des meilleures machines qui fut garée "bon état" par la SNCF comme "réserve froide". La 840 a été choisie pour son potentiel kilométrique suite à son levage au dépôt de "Quatre Mares". Les premiers travaux furent effectués sur la chaudière (contrôle APAVE) et lorsque celle-ci fut déclarée bonne pour le service, ils démonté et révisé les auxiliaires. A Cosnes, elle a subi une "Grande Révision", avec dépose et contrôle des essieux au dépôt de Nevers, et en septembre 1997, elle fait un train d'essai pour recevoir l'agrément SNCF. Elle est passée deux fois à Pithiviers dont une fois en double traction avec le 231 G 558 de Sotteville. Elle est maintenant définitivement au dépôt des Aubrais, parce qu'à Cosnes il n'y a de la place que dans la remise, ce qui n'est pas suffisant pour garer l'ensemble des voitures.

Cette machine fonctionne au fuel lourd qu'il faut réchauffer à 65° à l'aide d'un wagon chaudière qui produit de la vapeur nécessaire à l'allumage de la machine. Il faut dans un premier temps réchauffer le fuel et ensuite à l'aide de la vapeur le projeter dans le foyer à partir du brûleur. Avant dans les dépôts, on utilisait une autre locomotive, l'AAATV utilise le wagon chaudière qui servait autrefois au chauffage des trains. En 1962 sur Pontoise, ces wagons accompagnaient deux 66000 pour chauffer les trains de banlieue.
Aujourd'hui l'AAATV effectue sept ou huit voyages par an, mais c'est de plus en plus difficile de parcourir les lignes SNCF.

Pour conduire la locomotive, il y avait deux agents. A droite, le chauffeur qui produit la vapeur, il s'occupe du feu et de l'alimentation en eau de la chaudière et à gauche le mécanicien qui conduit la machine, surveille les signaux.

A droite le poste du chauffeur avec ses vannes de réglage du débit de fuel lourd
A gauche, celui du mécanicien avec le changement de marche, le régulateur, le frein, et les différents manomètres : pression de la chaudière, des cylindres, le frein direct, la conduite générale de freins (9 bars).
Noter le siège confortable. Assis le mécanicien a toutes les manettes à portée de main.
Sans oublier le "Flaman" qui contrôle la vitesse et la marche du train.
De chaque côté bien visible du mécanicien et du chauffeur, les niveaux d'eau avec les différentes marques selon les déclivités des rampes et pentes.

Les niveaux d'eau et manomètres de pression de la chaudière se retrouvent des deux côtés : mécanicien et chauffeur. Cette disposition est réglementaire depuis le décret d'avril 1926. On peut voir la marque du "ciel de foyer" qui est à 9 cm en dessous du niveau minimal en palier.

Le n° APAVE obligatoirement affiché dans la cabine.
Au centre, au dessus de la porte de foyer, la nourrice qui délivre la vapeur aux différents accessoires de la machine, pompe alimentaire, souffleur, sablières, etc.

Extérieurement la machine présente tous ses organes, bien visibles, et surtout bien accessibles. Un esprit de rationalité se dégage de cette conception américaine alliant solidité, fiabilité et ergonomie.

La roue du bissel avant. Elle est pleine, en acier moulé. C'est elle qui assure la bonne tenue de la machine dans les courbes
Vient ensuite la glissière de tige de piston solidement fixée au châssis, avec le piston, la crosse et la bielle motrice qui attaque le troisième essieu, l'essieu moteur. 
En haut à droite le renvoi de relevage du changement de marche avec le secteur.
Chaque fond de cylindre est muni d'une soupape. Á l'intérieur de la cabine un manomètre indique la pression de la vapeur dans les cylindres.
Le changement de marche est commandé par un servo-moteur à air comprimé, relié à l'arbre de relevage.
Le secteur de coulisse et la bielle de commande de tiroir.
Le graisseur mécanique qui envoie l'huile dans les différents points de graissage de la machine.
Sur la 840 seul l'essieu moteur est équipé en roues moulée type boxpok, les roues des autres essieux sont à rayons avec masselotte de contre poids
Le bas de chaudière et le cendrier. Noter l'assemblage par une double rangées de rivets et les entretoises qui fixent le foyer aux tôles extérieures de la chaudière.
Gros plan sur le bissel arrière et sur les tuyaux de raccordement avec le tender.
A l'avant le carter rond qui abrite la pompe à air "cross-compound" qui alimente le système de freinage et le carter cubique qui abrite la pompe à eau chaude du réchauffeur Worthington
et la pompe à air elle-même.
Le réservoir d'air comprimé fixé sous le tablier de la machine

Les R comme toutes les locomotives sont pourvues de deux systèmes d'alimentation en eau de la chaudière : une pompe alimentaire à vapeur ACFI et un injecteur "Edna" en charge.

ca Une pompe alimentaire à vapeur monocylindre qui pompe de l'eau préalablement réchauffée par les gaz d'échappement.
et un injecteur commandé par un seul levier qui dans sa première position ouvre l'eau puis dans la seconde amène la vapeur dans le corps de l'injecteur.
Vue d'ensemble du roulement
La liaison machine-tender avec l'ensemble des raccordements.

Ce jour-là une petite équipe de deux personnes était en train de mater les entretoises à l'intérieur du foyer. En effet suite au remplacement d'un nombre considérable d'entretoises, certaines fuyaient. Un des ouvriers était entré par le cendrier, l'autre par la porte du foyer.  À l'aide d'un marteau à air comprimé muni d'un outil spécial, l'objet de l'action était de mater les bords du rivet sur la tôle du foyer assurant ainsi l'étanchéité de la lame d'eau. Cette opération délicate s'effectue à l'intérieur du foyer où un homme a du mal à se tenir debout. Si les rivets de côté de foyer sont relativement accessibles, ceux du ciel obligent à se tenir dans une position qui n'est pas confortable.

Porte du foyer par laquelle ce dernier est accessible pour un homme pas trop gros.
L'intérieur du foyer. Les briques réfractaires ont du être enlevées afin d'accéder aux entretoises.
Opération délicate accomplie avec un outillage spécialisé. L'outil est introduit au centre de l'entretoise et le marteau lui impulse une force, rabattant le bord de l'entretoise sur la tôle du foyer. L'outil effectue une rotation de 360° sur lui même pour assurer l'étanchéité.

La 141 R 840 est accompagnée de son tender et du wagon chaudière SHmf 996, construit à Quatre Mares et équipé d'un moteur diesel et d'une chaudière au fuel. Il a été acquis par l'AAATV en juin 1994. Le principe de réchauffage du fuel est basé sur des serpentins, un principal à l'intérieur de la cuve et un caisson avec des serpentins intérieurs et extérieurs qui réchauffent le fuel. La vapeur produit par le wagon chaudière arrive par la nourrice de la locomotive sans pour autant aller dans la chaudière. Il faut compter environ huit heures pour obtenir les 15,5 bars sans compter le réchauffage du fuel. Les soupapes commencent à se lever à 14,5 bars.

Le train

Mais aux Aubrais, il n'y a pas que la 840 et son tender, on peut y voir l'ensemble de la collection ou presque puisque certains matériels sont restés à Cosnes-sur-Loire.

Programme des voyages

Dimanche 9 Septembre - Loches, Cité Royale 
Dimanche 30 Septembre - Saumur et la vallée de la Loire
Dimanche 7 Octobre - Chantilly

Pour tout renseignement : 

 

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